Le moustique tigre a débarqué dans le Haut-Rhin dès 2014. Il a depuis bouleversé le quotidien du service de démoustication de la Brigade verte. Une nouvelle campagne commencera dès le prochain printemps pour tenter de ralentir la prolifération de ce moustique.
Dans le service de démoustication de la Brigade verte du Haut-Rhin, à Soultz, la nouvelle année de lutte contre le moustique tigre se prépare. Arrivé d’Asie, le moustique tigre, de son petit nom Aedes albopictus, a débarqué en France en 2006, date à laquelle sa parure noire à bandes blanches est repérée du côté de Menton, à proximité de la frontière italienne.
Depuis, l’insecte a colonisé très rapidement le sud de la France et la vallée du Rhône, en suivant principalement les axes routiers, probablement en tant que passager clandestin dans les chargements de camions et dans les voitures. Aujourd’hui, la présence d’Aedes albopictus est également attestée dans plusieurs départements de l’ouest, du nord, en région parisienne, et, depuis quatre ans, en Alsace. « En 2014, nous l’avons détecté pour la première fois à l’EuroAirport, où il était présent de façon ponctuelle » , explique Thomas Krebs, technicien au service démoustication, qui travaille sur le sujet avec ses collègues Philippe Bindler et Arnaud Hurstel.
En 2015, un nouveau cas est confirmé à l’autoport de Sausheim : « On a réagi immédiatement, on a tout traité et supprimé les points d’eau stagnante, ce qui est impératif si l’on veut se débarrasser des moustiques. Et ça semble avoir payé, puisqu’aucun moustique n’a été repéré à cet endroit en 2016. » Le répit a pourtant été de courte durée : le moustique tigre étant un nuisant pour le moins coriace, il a à nouveau été détecté à Sausheim l’an dernier.
Entre-temps, en décembre 2015, notre charmante bestiole a été repérée plus haut dans le département, à Wickerschwihr, non loin de Colmar. « Cette détection fait suite à un signalement. Nous avons posé un réseau de pièges au printemps, qui se sont révélés positifs en août, non seulement à Wickerschwihr, mais également à Holtzheim, à 500 mètres de là. Avoir deux pièges positifs à 500 mètres de distance, c’est très mauvais, cela montre que le moustique est solidement implanté à cet endroit » , indique Thomas Krebs.
La présence d’Aedes albopictus dans ces villages aux portes de Colmar laisse le technicien perplexe : « Comment il est arrivé là, c’est un mystère. Nous avons plusieurs pistes possibles, il peut s’agir d’un moustique ramené dans les bagages d’une personne revenue de voyage, ou alors c’est un insecte importé d’Allemagne, où il est également présent. » Les agents de la Brigade verte vont alors effectuer du porte-à-porte dans les deux villages durant une semaine, afin de supprimer tous les gîtes potentiels d’œufs. « Nous avons trouvé trois propriétés avec des œufs de moustique tigre, et 24h plus tard, nous avons traité à l’insecticide, à 3 h du matin, le but étant alors de supprimer les moustiques adultes. »
« Tenter de contenir la menace »
Des relevés de pièges effectués à la fin de l’année 2016 confirment malheureusement ce que tout le monde craignait : le moustique tigre est toujours présent dans les deux villages. « À ce moment-là, on a su qu’il n’y avait plus grand-chose à faire. Dès lors, notre rôle était de surveiller et de tenter de contenir la menace. » Une tâche ardue, qui nécessite, en premier lieu, de surveiller la dynamique saisonnière du moustique tigre, dont la période d’activité s’étend de mai à octobre, mais aussi de mener des enquêtes entomologiques, d’intervenir chez les particuliers, et de sensibiliser la population dans les communes concernées via des réunions d’information et des séances de formation.
« L’arrivée du moustique tigre a bouleversé notre métier » , avoue Thomas Krebs, pour qui les prochains mois vont être chargés. Les agents terminent en effet actuellement le débroussaillage des sites sous surveillance, avant d’attaquer dès la fin mars les opérations de prospection et de traitement. « Nous allons poser notre réseau de pièges dès le mois d’avril » , ajoute-t-il.
Aujourd’hui, la présence du moustique tigre est attestée à Wickerschwihr et Holtzheim, où il est installé, mais aussi à Colmar, Sausheim et Saint-Louis, où il apparaît de manière ponctuelle. « Notre chance dans cette histoire, c’est qu’en raison de l’hiver humide, le niveau d’eau est actuellement assez haut. Il va ensuite baisser, ce qui n’est pas très favorable à l’éclosion des œufs cette année. Mais sachant que ceux-ci peuvent résister plusieurs années à la sécheresse et au gel, ce n’est que partie remise. »
[source : lalsace.fr]