Les cas de microcéphalies liés à un pesticide et non au virus Zika ?

Nous revenons aujourd’hui sur les cas de microcéphalies : et si l’épidémie Zika n’était pas le bon coupable  ? Des chercheurs argentins mettent en cause un pesticide, injecté dans le réseau d’eau potable et produit par partenaire particulier de Monsanto, d’être à l’origine des microcéphalies.

microcephalie au brésil

Une étude qui sème le doute

En effet, ce groupe de chercheurs argentins et brésiliens, dirigé par Avila Vazquez, pédiatre spécialiste de néonatalogie (prise en charge des nouveau-nés) a soulevé cette hypothèse. Dans une étude publiée le 3 février 2016, ils ont en effet mis en doute la responsabilité du seul virus Zika dans l’augmentation exponentielle de microcéphalies enregistrées chez les nouveau-nés ces derniers mois. Selon eux, les cas de malformations à la naissance seraient dus, non pas au fameux moustique, mais à l’utilisation d’un pesticide : le Pyriproxyfen, produit par Sumitomo Chemical, partenaire japonais de la multinationale américaine Monsanto. Ce pesticide utilisé plus particulièrement au Brésil, a été injecté dans le réseau d’eau potable de certaines régions, sert à la lutte contre la prolifération du moustique-tigre, vecteur de la dengue.

Un futur scandale sanitaire et financier ?

Partis d’un simple postulat, les chercheurs se sont demandés pourquoi Zika (virus identifié dès les années 1950 en Ouganda), une maladie relativement bénigne, ne provoquait pas partout des malformations chez les nouveau-nés. Et de s’appuyer sur le constat qu’en Colombie, où il sévit également, mais où le produit chimique n’est pas utilisé, aucun cas de microcéphalie n’a été enregistré jusqu’à ce jour. Plus étonnant encore, ils remarquent que, dans certaines zones où 75 % de la population a été testée positive à Zika, il n’y avait jamais eu de malformations comme celles observées au Brésil : « Les malformations détectées chez des milliers d’enfants nés de femmes enceintes dans des régions où l’État brésilien a ajouté du Pyriproxyfen ne sont pas une coïncidence et ce, même si le ministère de la Santé incrimine directement le virus Zika », ont déclaré dans un communiqué les chercheurs à l’origine peut-être d’un futur scandale sanitaire et financier. La solution serait donc non pas à chercher dans les eaux stagnantes, mais dans l’eau potable des régions infectées et notamment celles du Nordeste brésilien, qui, avec 1 447 notifications de microcéphalies, est l’épicentre du phénomène. Depuis plus de dix-huit mois, les autorités brésiliennes, sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), y injectent dans le système hydrique cet insecticide. Une solution pour le moins expéditive de lutter contre le virus, dans cette région qui est l’une des plus pauvres du Brésil où « 70 % des mères d’enfants atteints par la maladie vivent dans une extrême pauvreté », dixit le Diario de Pernambuco (quotidien du Nordeste). Crise que ne connaît décidément pas le géant Monsanto, une nouvelle fois mis à l’index. Crise que ne connaîtront pas non plus les laboratoires pharmaceutiques, qui ont dix-huit mois pour trouver la solution et enlever le marché : « Une quinzaine de laboratoires et agences nationales de recherche sont sur les rangs », a déclaré la sous-directrice de l’OMS, le Dr Marie-Paule Kieny. Dans le lot, deux vaccins sembleraient des plus prometteurs : l’un est développé par l’Institut national de la santé américain – institution gouvernementale – et l’autre par le laboratoire indien Bharat Biotech. Mais les États-Unis pourraient très vite avoir une longueur d’avance. Barack Obama ne vient-il pas de demander au Congrès américain 1,8 milliard de dollars (1,6 million d’euros) pour combattre Zika ?

Zika : une épidémie qui s’étend

Le Brésil est en première ligne, mais l’épidémie s’étend. Le Brésil est aujourd’hui le pays le plus touché par le virus Zika. Ce sont en effet un million et demi de personnes qui ont été contaminées depuis 2015. Derrière lui se trouve la Colombie. Jusqu’en 2014, le virus n’était pas recensé sur le continent américain. Il est connu, en revanche, depuis les années 1950 en Afrique.

[source : L’Humanité]