Lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que l’épidémie du virus Zika relevait dorénavant d’une « urgence de santé publique de portée mondiale ». Elle a en effet estimé qu’il existait un lien entre cette maladie, transmise par certains moustiques (dont le fameux moustique tigre) et le nombre croissant de cas de microcéphalies chez les nourrissons, en Amérique du Sud. Depuis mardi, l’épidémie a pris de nouvelles proportions avec la suspicion d’un cas d’infection par voie sexuelle.
La transmission par voie sexuelle prouvée ?
Il aura fallu attendre plusieurs heures avant d’obtenir la confirmation, ce mercredi, par le directeur des Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), d’un cas d’infection au Texas suite à une relation sexuelle. Plusieurs cas avaient par ailleurs déjà été signalés aux Etats-Unis. L’infection du patient contaminé, biologiste de formation, remonterait à 2008 lors d’une mission au Sénégal. Il aurait contaminé son épouse par voie sexuelle.
Un risque de contamination plus élevé ?
Le responsable de l’unité d’Épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur et enseignant au Cnam, Arnaud Fontanet, estime que cette nouvelle information « ne remet pas en cause la compréhension » que les chercheurs ont de la maladie. Il ajoute : « Cela ne doit pas nous détourner du principal vecteur de transmission qui reste tout de même la piqûre du moustique ».
En revanche, ce mode d’infection doit inciter les pays, qui n’étaient jusque-là pas touchés par la contamination du moustique, à « reconsidérer » la prise en charge de la maladie. « On peut imaginer de demander aux hommes diagnostiqués au retour d’un pays d’endémie, avec une infection symptomatique, d’utiliser des préservatifs dans les semaines qui suivent », ajoute Arnaud Fontanet.
La contamination par voie sexuelle a-t-elle des conséquences sur la nature de la maladie ?
« Vraisemblablement, ça ne change rien », croit savoir le chercheur. Les symptômes provoqués par cet arbovirus, « cousin » de la dengue et du chikungunya, sont le plus souvent bénins. A l’exception de quelques cas rapportés de syndrome de Guillain-Barré, le virus semble peu dangereux pour les adultes en bonne santé puisque 75 à 85 % des personnes contaminées ne présentent aucun symptôme du virus. Il aurait toutefois des conséquences dramatiques chez les femmes enceintes avec des cas de microcéphalies (malformation congénitale dont souffrent les enfants nés avec une tête et un cerveau anormalement petits).
[source : 20Minutes]