Déjà installé au Tessin depuis 2003, le moustique tigre, capable de transmettre des virus comme la dengue ou le chikungunya ne s’est pas encore propagé au nord des Alpes. Peut-être à cause des températures, estime un expert
De son nom scientifique, aedes albopictus ne semble pas aimer toute la Suisse. Alors qu’il a envahit la France, dont les autorités sanitaires rappellent qu’il a conquis 42 départements (soit le double par rapport à l’année 2016), l’insecte ne semble pas près (voire prêt …) de s’installer sous nos latitudes, un poil trop froides pour lui. «La situation n’a pas beaucoup évolué», confirme Basil Gerber, représentant de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) au sein du groupe de travail moustique-tigre. Le nuisible invasif est toujours installé dans le Tessin, où il est arrivé en 2003, et aussi depuis peu dans la vallée grisonne voisine, le val Mesolcina. Mais dans les autres cantons, rien à signaler, ou presque.
Il n’y a pas de moustique-tigre en Suisse romande
Daniel Cherix
Si le moustique tigre est sous surveillance, c’est qu’il s’agit d’un vecteur de maladies telles que la dengue et le chikungunya. Sur ce point, « aucune raison de s’inquiéter », rappelle Basil Gerber: il faudrait en effet qu’un moustique pique une personne déjà malade afin de propager l’une de ces maladies, par ailleurs absentes de Suisse. « Il n’y a eu aucun cas de telle transmission dans le Tessin, où le moustique-tigre est installé depuis 2003 », ajoute Daniel Cherix, responsable du Groupe de travail Neobiota Romandie.
Un moustique tigre qui voyage en covoiturage
La Suisse garde plus particulièrement ce moustique à l’œil depuis l’été 2013, lorsque l’OFEV mit en place un projet pilote destiné à suivre sa progression dans le pays. Etant donné que cet insecte, qui vole plutôt mal, voyage le plus simplement du monde, c’est-à-dire en empruntant des véhicules circulant sur les grands axes, le projet consiste à surveiller des pièges à œufs placés le long de ces derniers, ainsi que dans quelques gares et aéroports.
Les experts s’attendaient à repérer au fil du temps un certain nombre de ces œufs au nord des Alpes, et ce d’autant que des moustiques-tigres avaient déjà été repérés à Bâle, à Genève et à Zurich. Mais mis à part quelques détections sporadiques depuis 2013, l’ennuyeux insecte rayé n’a pas conquis les plaines. «Il n’y a pas de moustique-tigre en Suisse romande», assure Daniel Cherix. «Les températures suisses, un peu plus basses, ont pu jouer en leur défaveur», avance Basil Gerber.
Mais présente ici depuis quinze ans, l’espèce se serait très bien adaptée à nos températures, objecte toutefois Daniel Cherix, qui attribue plutôt cette différence à l’efficacité du plan suisse. Dès que les premiers œufs sont détectés, une réponse biologique ou chimique est mise en place selon les cas, et suffit à stopper sa progression, estime-t-il. Du moins jusqu’à un certain point. «Il arrivera un jour ou l’autre en Suisse romande», prédit Daniel Cherix, qui rappelle qu’il est inutile de jouer aux apprentis entomologistes: seuls les spécialistes peuvent identifier un spécimen avec certitude.
[source : letemps.ch