État d’alerte déclenché en Algérie contre le moustique tigre

Le moustique tigre présent depuis 2016 en Algérie

Selon le ministère de la Santé, la présence du moustique-tigre (reconnaissable à ses rayures blanches sur les pattes et le corps et à sa taille plus petite que le moustique urbain) avait déjà été signalée dans plusieurs quartiers d’Alger depuis 2016. De nombreux pays méditerranéens, comme l’Espagne, l’Italie et la France avaient déjà également constaté la présence de ce nuisible.

« Le moustique-tigre est une espèce qui se développe particulièrement en zone urbaine et semi-urbaine, qui s’adapte facilement aux différents biotopes, et dont les œufs résistent longtemps à la dessiccation. Depuis son arrivée en Europe dans les années 1990, sa propagation ne cesse de s’accroitre d’un pays à un autre. Cette espèce peut être vecteur des virus du Chikungunya, de la dengue et du Zika. Des cas de Chikungunya ont été déclarés récemment (septembre 2017) en Italie et en France, et des cas autochtones de dengue ont été rapportés cette semaine en Égypte », révèle un rapport du ministère de la Santé.

La présence en Algérie du moustique tigre (au nom scientifique d’Aedes albopictus), avait pourtant été signalée pour la première fois en Algérie en juin 2010 à Larbaa Nath Iraten (Tizi Ouzou) mais « Un seul spécimen a[vait] été capturé. Depuis, aucune activité de ce moustique n’a[vait] été signalée dans la région. En décembre 2015, suite à des plaintes des habitants d’une forte nuisance occasionnée par les moustiques, durant l’été, les entomologistes de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) ont permis de confirmer l’introduction de cette espèce à Ain Turk (Oran). Le 17 juillet 2016, les habitants de quartier dit « Zonka » entre Birkhadem et Ain Naadja (Wilaya d’Alger) ont signalé une forte nuisance d’une espèce de moustique qui pique surtout le matin et au crépuscule. La prospection entomologique a confirmé la présence d’Aedes albopictus à tous les stades de son développement (œufs, larves et adultes) », est-il précisé dans le document.

Forte infestation à Alger

D’après la même source, les opérations de démoustication ont été lancées par Hurbal (établissement relevant de la wilaya d’Alger) et se sont poursuivies jusqu’à la disparition du moustique en juillet-août 2016.

Le rapport indique que « durant le mois d’août 2017 et suite aux différentes plaintes des habitants de vieux Kouba (Alger) de piqûres particulières de moustiques, une enquête entomologique a été réalisée afin d’identifier l’espèce. Les captures ont confirmé la présence d’Aedes albopictus avec une densité élevée à tous les stades de son développement ».

L’insecte, qui s’adapte au climat tempéré et tropical et originaire d’Asie, est présent, selon le même rapport, dans quatre communes de la capitale : Hussein Dey, Saoula et Khraicia.

Sa présence est signalée dans quatre wilayas : Jijel, Alger, Tizi Ouzou et Oran. À Alger, des opérations de traitement par l’insecticide Deltamethrine (Magic 10 EC) en fumigation ont été menées, à partir de juillet 2017, contre les habitations où les œufs et larves de moustique-tigre ont été découverts.

Une propagation qui continue malgré les efforts

« Malgré tous les efforts déployés par les services de démoustication d’ Hurbal, le moustique tigre s’est propagé vers d’autres localités à savoir Saoula, Khracia et Husein Dey. À l’est du pays, une prolifération anormale de moustique a été notifiée par le service de prévention de la DSP de Jijel au mois d’août 2017, l’entomologiste dépêché sur les lieux a permis de confirmer la présence du moustique-tigre au centre-ville de la wilaya », est-il relevé.

Djamel Fourar a annoncé que le comité national des arboviroses « s’est mis en état d’alerte » pour suivre l’évolution de la situation ». Les autorités envisagent d’éradiquer les foyers où le moustique-tigre peut proliférer (eau, végétation, lieu ombrageux, etc).

Une menace réelle sur la santé

Selon le rapport du ministère de la Santé, la propagation du moustique-tigre est une menace réelle pour les wilayas du littoral algérien et les zones humides.

« Ses larves se développent essentiellement dans des gîtes larvaires produits par les habitants eux même (récipients, ustensiles, pneus usagés, etc…abandonnés et contenant de l’eau). Le contrôle de la densité de ce moustique est faisable, moyennant une large sensibilisation de la population », est-il souligné.

[Compléments moustique-tigre.info] Même si une sensibilisation est mise en place, il est impossible de venir à bout du moustique tigre. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans le sud de la France. Il suffit d’un seau avec quelques centimètres d’eau derrière un cabanon, ou d’un jouet mal rangé pour engendrer des centaines de moustiques tigres qui se reproduisent dans les 150m aux alentours. Malgré tout cette sensibilisation est indispensable, même si insuffisante en elle-même.

Information et formation

Une campagne d’information des citoyens est déjà lancée par l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA). « La surveillance entomologique à l’aide de pièges pondoirs (pour détecter les œufs du moustique-tigre ) sera poursuivie par l’équipe d’entomologistes de l’IPA, afin de suivre les densités de ce moustique au niveau des zones colonisées et également pour évaluer l’impact de la démoustication », est-il précisé.

Une journée de formation des techniciens du Bureau d’Hygiène Communal (BHC) des wilayas du Centre sur l’utilisation des pièges pondoirs est programmée à l’IPA ce mois d’octobre. La formation se poursuivra en 2018 et concernera tous les BHC des wilayas à risque de propagation du moustique-tigre.

Selon Djamel Fourar, le moustique-tigre a une préférence à piquer les humains au niveau des chevilles « et ce, durant toutes les heures de la journée, mais essentiellement au crépuscule et à l’aurore ».

Il assure par ailleurs que les piqûres du moustique-tigre ne nécessitent que des pommades et autres applications pour atténuer les réactions allergiques.

Il a recommandé toutefois de consulter un médecin si elles occasionnent d’autres symptômes comme les fièvres. Citée par l’APS, Lynda Cheballah, directrice générale de Hurbal, a souhaité une plus grande contribution des citoyens car « il est impossible d’éliminer totalement le moustique puisqu’il vit avec l’humain ». Elle conseille, par exemple, de vider de leur eau les ustensiles pouvant servir de foyers pour la reproduction de l’insecte.

[source : tsa-algerie.com]