Au moment où la COP 21 s’achève à Paris, Jean-François Guegan, chercheur spécialisé dans les maladies tropicales, conseille d’éviter tout catastrophisme concernant le réchauffement climatique sur la santé.
Le moustique tigre partout en France en 2040
Aux alentours de 2040 ou 2050, le moustique tigre aura conquis presque tout le territoire français, selon des travaux menés à l’université de Liverpool (Grande-Bretagne). Pour rappel, le moustique tigre est vecteur potentiel de la dengue et du chikungunya. Seules les zones au-dessus de 1000 mètres – les Alpes, les Pyrénées – seront épargnées. Provoquera-t-il des épidémies ? Rien n’est moins sûr. D’abord, ces insectes peuvent être inoffensifs. Un moustique n’est porteur de virus que s’il a piqué, au préalable, une personne infectée. Ensuite, dans l’hypothèse où certains deviendraient porteurs, nous savons réduire leur nombre. L’Entente interdépartementale pour la démoustication (EID) s’en charge déjà pour le littoral méditerranéen.
Plusieurs cas de dengue et de chikungunya en France ces dernières années
Plusieurs personnes ont en effet développé ces maladies, sans s’être déplacées à l’étranger. Cela implique que l’agent infectieux leur a été transmis par un moustique qui avait d’abord piqué un individu lui-même touché, sans doute un vacancier rentré d’un pays à risque. Ces cas, rapidement identifiés, sont restés isolés, ce qui montre l’efficacité de notre système sanitaire. Je souligne, au passage, que le réchauffement n’est pas la cause principale de la progression du moustique tigre.
La part de responsabilité des transports
Le premier déclencheur, ce sont les transports. Des collègues américains ont montré qu’en Europe de l’Ouest, certaines espèces d’oiseaux et de papillons ont mis 30 ans pour remonter 100 à 120 kilomètres plus au nord. Un rythme lent, lié au changement climatique. Or le moustique tigre, apparu sur la Côte d’Azur, colonise la France beaucoup plus vite ! Il avance le long des couloirs où passent les autoroutes et les voies ferrées, notamment la vallée du Rhône. Il est probable que cet insecte prend le TGV… Ou plutôt qu’il circule dans les conteneurs transportés par le rail, les camions, les coffres des voitures. Comment expliquer, sinon, qu’il ait remonté 500 kilomètres d’un coup cet été ? Il n’avait pas dépassé le nord de Lyon, et voilà qu’on le signalait en région parisienne !
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